L'histoire d'une baleine abimée

J'ai cette impression de faire sans cesse un pas de travers, de regarder derrière moi.

ça fait un petit temps que j'ai l'impression d'être un robinet sans poignée, une porte avec 'ouverture' de deux cotés abimés par l'usure de ces coups secs et irritant de tous ces gens qui ne font pas passer.. Peut-être que c'est comme ça que l'on fait aujourd'hui.. on marche sans se retourner, on continue d'avancer la tête haute.. Je dois être en retard sur mon temps... parce que ça fait un moment que je me suis arrêtée..

Alors Je continue à regarder ces gens qui passent, et je vois ma vie défiler sans savoir comment tout stopper. Je me sens paumée si vous saviez... Je ne me sens pas.. je le suis, c'est un constat assez évident.. Je suis comme le vilain petit canard.. sauf que je ne transforme pas en un beau cygne non.. Non parce que ici ce que je vis c'est la vrai vie.. Pour être moins poétique et beaucoup plus réaliste je dirai même que je suis comme une baleine qui s'est échouée sur une plage.. La seule façon pour s'en sortir serait qu'une grosse vague surgisse..

J'ai l'impression d'être un grain minuscule, vraiment minuscule, un grain de poussière aussi grand qu'insignifiant. On la voit, on la laisse quelque temps dans ce coin infâme.. on la laisse et ensuite on l'oublie parce qu'un jour, on arrive et on sort le nettoyant, et on la liquide.. -> Envolée, supprimée, désintégrée.. Parce que oui, la poussière c'est sale..

Voilà à quoi je me fais penser, un robinet sans poignée, une porte défoncée, une baleine échouée, un grain de poussière..

" On peut décréter et ressentir sa mort, sans attenter à sa vie. La mort est un état d'âme. "