L'histoire d'une lettre pour 'My sweet heart'
" My sweet Heart"
Je n'avais pas le temps de te voir avant... en fait je n'avais pas le courage, et puis j'aurais pu tout abandonner si je te voyais... J'espère que tu comprendras mon choix, ça devenait insupportable pour moi. J'ai tué trois personnes sur cette route, je sais que ce n'était qu'un accident, je sais que ça fait plus d'un an, et je sais que tu penses que je peux m'en sortir, que je peux chasser cette colère que j'ai en moi en continuant par me faire aider, mais ces médecins m'ont déjà aidé. Je sais aussi que tu penses que ce n'est pas de ma faute. Et oui le document stipule bien que je ne suis pas fautif, que c'est le garagiste qui n'a pas bien resserrez-les freints parce qu'il avait vu sa femme couchée avec son frère et qu'il avait ses pensées ailleurs, oui je sais tout le monde me répète que ce n'est pas de ma faute...
Vous aurez beau me consoler, me droguer, ça ne changera rien, les images resteront gravées dans mon esprit: C'était le 24 novembre vers 21h49, je t'ai appellé... j'étais au volant, et je t'ai appelé pour que tu réchauffes le poulet curry au micro-ondes dans une quinzaine de minutes. Tu m'as répondu que je m'étais trompé de jour que c'était des pattes carbonara aujourd'hui. Tu souriais pleinement, ça s'entendait à travers le téléphone. J'ai raccroché à 21h52. C'est à 22h01 que ma voiture à déraillé, je le sais car l'animateur radio venait de donner l'heure. Je ne contrôlais plus rien sur l'autoroute. Le volant ne répondait plus depuis déjà quelques secondes, secondes qui me paraissaient si longues... Une pensée noire est sûrement venue s'initier dans mon cerveau puisque j'ai très rapidement lâché le volant, et pour être plus exacte, j'ai rapidement lâché prise.
Physiquement, je n’ai eu qu’une entorse aux cervicales. J’ai fait des tonneaux et je suis tombé dans un terrain vide situé à quelques mètres en contrebas. Pendant que je partais dans le vide, j’ai eu l’impression que j’allais mourir, que la fin était arrivée pour moi. J’ai pris une grande respiration (savourer un dernier moment avant de souffrir) et j’ai fermé les yeux très forts. Puis quand tout s’est arrêté, j’ai rouvert les yeux ; ma voiture était retournée, il n'y avait pas une lueur, pas de lumière... En fait j’étais vivant! J’ai décidé de sortir du véhicule, j’ai retiré ma ceinture j’ai essayé à plusieurs reprises, mais j’étais coincé. Mon bras était encore dans la ceinture. J'ai fermé les yeux quelques instants, quand je les ai rouverts, un adolescent était face à moi, je ne comprenais pas tout ce qu'il me disait, j'entendais: Ca va...? aide- moi! Maman, soeur, accident....
Il m'a fallu quelques temps de réflexion... Il m'a aidé à me détacher, et j'étais sonné, mais je l'ai suivi. Et là j'ai vu une autre voiture... retournée... avec un couple et une petite fille dans la voiture inconsciente... Mon esprit est vite revenu à la raison... J'ai dit au gamin qui était paniqué d'aller chercher mon téléphone dans ma voiture s'il n'avait pas le sien et d'appeler les urgences, je voulais qu'il puisse rester éloigné de tout ça, et je suis allé voir de plus près... j'ai crié auprès de la famille, la petite fille pleurait... elle semblait ne rien avoir, mais je n'arrivai pas à la débloquer... Je lui ai dit de ne pas s'inquièter que j'allais revenir, qu'il fallait que j'aille voir sa maman et son papa... Quand je suis allé voir à l'avant j'ai su que c'était déjà fini pour le père... Ses boyaux avaient quitté son corps... Je paniquais je ne savais pas quoi faire, j'avais du mal à respirer... alors j'ai vite été voir la mère elle respirait... je lui ai dit que ses enfants allaient bien, je lui ai dit que tout allait bien se passer... j'ai menti à cette femme... Elle a ouvert les yeux et elle m'a dit, de partir, je n'ai pas compris, elle aussi j'ai voulu la débloquer... mais en vain... Je lui ai dit que j'allais retourner voir ses enfants... En me relevant j'ai vu que le gamin n'était toujours pas revenu... J'ai donc crié après lui... j'ai fait une dizaine de pas en me dirigeant vers mon auto quand je l'ai vue revenir vers moi criant que les secours étaient en chemin... Je l'ai vu oui... mais je l'ai aussi vu crié quand et survenu derrière moi une grosse lueur orangée tout juste suivie d'un gros boum... Ensuite je sais ne sait plus... Quand je me suis réveillé j'étais dans un lit d'hôpital, il devait faire nuit, c'était le journal à la télé... J'ai tout de suite ressenti de la douleur sur tout le corps... j'ai été brulé... 4ème degré à la jambe, on a du me la couper! Mais cette douleur n'est rien à celle que je ressens encore aujourd'hui face à cette famille.
Je sais que tu connais cette histoire, je sais que tu connais la suite, mais je sais aussi que tu fermes les yeux et caches tes oreilles sur certains passages de l'histoire, du coup je te l'écris... Alors même si tu n'as pas tout su lire parce que c'est trop dur pour toi, recommence et relis la encore et encore, fais le pour moi! Je veux que tu admettes que j'étais en faute! je veux que tu comprennes ma peine! Je ne te demande pas de la ressentir non, je ne te le souhaite pas, je veux ton bonheur... Et je suis détruit par cette histoire, alors même si tu penses que je fais partie de ton bonheur, sache que je suis foutu... je suis brisé de l'intérieur... J'ai menti à ces gens, j'ai dit que tout allait bien se passer... Je n'ai pas su venir en aide à cette famille...
Ce gamin sombre dans l'alcool à 17 ans seulement, je me suis renseigné, du moins je suis allé le voir, je sais, je n'aurai pas dû, mais tu vois, lui aussi est brisé, il souhaite ma mort, lui aussi il pense que je suis fautif, lui non plus n'arrive pas à me regarder sans vouloir m'insulter, me tabasser... Et je me dis que je vais essayer de le consoler, j'espère que mon cadeau l'aidera... Mais je ne veux pas partir sans aider quelqu'un, c'est pour ça que dès où tu as fini cette lettre il faudra que tu sonnes au numéro qu'il y a sus le frigo... C'est celui de Marc, tu ne le connais pas, je l'ai rencontré une fois, à l'une des séances collectives contre des rescapés de la route... Il a vécu la même situation que moi, sauf que lui c'est une victime... Son coeur ne fonctionne plus très bien... Je sais que tu vas trouver ça incroyablement stupide mais je veux qu'il ait mon coeur si le mien lui est adapté... Parce que je ne sais pas si mon coeur pourra lui être transplanté... je sais que ça ne fonctionne pas ainsi, mais s'il y a une chance qui l'ai alors je lui donne! Et je veux aussi que tout le reste de mon corps qui peut permettre de sauver des vies soit donné... là où je vais je n'en aurai plus besoin...
Malgré tout, le plus difficile pour moi ce sera de t'abandonner, parce que tu es l'amour de ma vie, tu m'as toujours soutenu, tu as toujours été là pour moi, tu as sacrifié tes nuits pour me consoler quand je cauchemardais sur l'accident... Tu nous as commencé à faire plus d'heures quand tu as su que je n'irai plus travailler... Tu as... je pourrai continuer des heures mon coeur, mais le temps presse, et si je continue, mes sentiments pour toi vont me faire renoncer, mais je ne veux pas rester détruit et vide d'esprit toute ma vie parce que je me serai accroché à toi, je sais c'est égoïste de ma part, mais avec le temps je sais que je te détesterai de me retenir en vie... Et je n'ai vraiment pas envie de te détester, parce que je t'aime! Je veux aussi que tu saches avant de te quitter c'est que les médecins sont déjà venu chercher mon corps à l'heure où tu lis cette lettre... je sais que c'est dur pour toi, car tu es là, passive, à n'avoir rien demander et à subir, comme ce fût le cas depuis l'accident... mais je veux, et j'aimerais que tu continues ta vie comme si rien ne c'était passé, je ne mérite pas ton amour. Je ne t'ai jamais mérité. Regarde là encore j'arrive à te faire souffrir... Tu n'as rien demandé, tu pensais que tout n'était que du passer, et je t'écris cette lettre, cette horrible lettre!
Je ne mérite pas une de tes larmes, je mérite toute ta haine, toute ta rage... Je mérite la mort.Je t'aime! mon coeur!
PS: Je t'ai préparé du poulet curry dans le micro-onde, on n'en a plus jamais mangé.
